Avant même de nous pencher sur la problématique de l’accessibilité, il est important de savoir ce qu’on entend par « espace extérieur ». La particularité des espaces évoqués dans cet article, est qu’ils doivent obligatoirement être accessibles depuis l’intérieur du bâtiment (à usage privé ou public), auxquels ils sont attribués. On distingue trois catégories : les balcons, les loggias et les terrasses.
Particularités des balcons, loggias et terrasses
Le balcon est une plate-forme en saillie de la façade. Il se caractérise par le fait qu’il ne reçoit pas nécessairement un revêtement de sol étanche, mais aussi par le fait qu’il peut être désolidarisé du reste de la construction par des poutres consoles, indépendantes de la structure du bâtiment.
La loggia est une plate-forme en retrait de la façade, souvent couverte, qui a au moins une des faces latérales fermée et dont le sol ne reçoit pas nécessairement une couverture d’étanchéité.
La terrasse (ou toiture plate accessible) est une plate-forme ouverte qui repose sur une partie du bâtiment ou du moins qui est maintenue par une structure, solidaire ou pas de la construction, et qui peut recevoir une isolation couplée d’une couverture d’étanchéité.
Trop souvent, ces espaces ne sont pas accessibles aux PMR. Leur conception et leurs dimensionnements ne tiennent pas compte des difficultés auxquelles elles sont confrontées. Ces lieux sont donc impraticables pour elles et les privent de la jouissance du monde extérieur ! C’est pourquoi il est essentiel de tenir compte, dès l’avant-projet, d’un certain nombre de critères.
Les critères incontournables
A. Ni marche, ni ressaut
B. Aire de rotation de 150 cm minimum devant et derrière la porte (hors débattements de porte)
C. Largeur de libre passage de la porte de 85 cm
D. Poignée
– entre 90 et 110 cm de hauteur ;
– à 50 cm de tout mur contigu ;
– en forme de J.
E. Garde-corps
– doit permettre la vue vers l’extérieur pour une personne de petite taille ou en chaise roulante (les garde-corps vitrés ou ajourés répondent à cette exigence) ;
– doit garantir le maintien d’une personne en sécurité sur la zone que le garde-corps borde ;
– doit être de couleur contrastée par rapport au revêtement de sol ;
– doit répondre aux normes reprises dans la Note d’Information Technique (NIT) 196 sur « les garde-corps de bâtiments ».
F. Revêtement de sol extérieur
– non meuble ;
– non glissant (garantir le caractère antidérapant du sol est une exigence incontournable, les revêtements lisses sont donc totalement proscrits) ;
– sans obstacle à la roue ;
– sans entrave (le caractère stable et horizontal du sol doit être assuré) ;
– sans défaut majeur (les revêtements avec trous ou fentes supérieurs à 1 centimètre de large sont bannis).
Bien sûr, l’accessibilité de ces espaces ne se limite pas seulement au respect de ces critères. L’absence de ressaut est, sans aucun doute, le critère le plus contraignant, tant en termes d’exigence d’accessibilité que d’exigences techniques.
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Les exigences techniques
Qu’il s’agisse d’une construction neuve ou ancienne, la problématique de l’humidité dans le bâtiment est un souci récurrent. Les dégâts qu’elle provoque sont nombreux et souvent graves. Si les causes sont innombrables, dans le cas qui nous occupe, ils proviennent de « l’humidité ascensionnelle » qui découle de l’absence ou d’une mauvaise mise en œuvre de la membrane d’étanchéité au pied des murs.
Pour minimiser ces risques d’infiltration d’eau, les « bonnes pratiques » consacrées par l’usage recommandent de respecter une hauteur minimum de 5 cm (pour un revêtement non adhérent) et 15 cm (pour un revêtement adhérent) entre le niveau de revêtement de sol extérieur et celui du seuil de la porte.
Or les normes d’accessibilité inscrites dans le CWATUP imposent de réduire cette distance à zéro. Le risque d’infiltrations en est certes augmenté, mais il reste possible d’assurer l’étanchéité par divers moyens techniques, éventuellement cumulés. Leur mise en œuvre peut compliquer la construction et ajouter des coûts, mais l’accessibilité, le confort d’utilisation pour tout usager et le respect du CWATUP sont à ce prix. Voici quatre techniques d’étanchéité alternatives :
Tenir compte de l’orientation
Toutes les façades d’un bâtiment sont soumises aux influences des intempéries qui provoquent des altérations plus ou moins importantes, suivant leurs orientations géographiques. En Belgique, ce sont les façades sud-ouest qui sont le plus souvent confrontées aux pluies battantes et donc aux infiltrations d’eau. Pour diminuer ces risques, il convient donc de réserver les menuiseries intégralement accessibles aux autres façades.
Ajouter un élément de protection
Le placement d’une marquise au-dessus de la porte ou d’un auvent en façade peut-être une bonne solution pour diminuer les risques d’infiltrations mais ne résout pas le problème des pluies battantes, qui peuvent s’abattre directement sur les menuiseries.
Installer un système de drainage au pied du seuil
Pour de nombreuses raisons (contexte environnemental, urbanistique, etc.), les deux premiers points ne peuvent pas toujours être mis en place. De plus, s’ils contribuent à diminuer les risques d’infiltrations, ils ne sont pas toujours une solution efficace ! En effet, la menace que l’eau s’accumule au pied du mur existe toujours. C’est pourquoi la mise en place à cet endroit d’un dispositif de récolte des eaux est, sans aucun doute, une très bonne solution.
Néanmoins, il faut être vigilant quant au choix de la grille du caniveau car elles ne sont pas toutes adaptées. La largeur des mailles ne peut excéder 1 cm.
Concevoir et installer des menuiseries particulières
Actuellement, les menuiseries extérieures doivent répondre à de nombreuses exigences en matière d’isolation thermique et acoustique, d’étanchéité, de résistance mécanique, de sécurité et d’esthétique. Concevoir des châssis « accessibles » ajoute une contrainte supplémentaire, mais pas impossible à intégrer. De tels châssis existent déjà et les fabricants qui peuvent les fournir disposent d’un indéniable avantage concurrentiel.
Les ingéniosités constructives
Le franchissement d’un seuil de porte constitue l’obstacle le plus contraignant pour une personne se déplaçant en chaise roulante. Suivant la nature (construction ou rénovation) ou le type d’ouvrage (balcon, loggia ou terrasse), les moyens de mise en œuvre ont des proportions bien différentes. Quelques solutions astucieuses sont reprises dans le « Guide d’aide à la conception d’un logement adaptable » (p. 85) ainsi que dans les documents du CSTB sur les « Principes constructifs pour l’Accessibilité des balcons, des loggias et des terrasses ».
En bref…
Pour rendre accessible un espace extérieur aux PMR, il est indispensable que le cheminement entre l’intérieur et l’extérieur du logement soit correctement aménagé. Tout ressaut représente un obstacle difficilement franchissable avec un fauteuil roulant. Si cette contrainte représente la principale exigence en termes d’accessibilité, l’alliance des alternatives constructives et des menuiseries particulières représente, quant à elle, une solution optimale. Néanmoins, le résultat ne sera réellement probant que si les différents acteurs de la construction (entrepreneur, architecte, fabricant de châssis et autre) travaillent ensemble à la conception et à la réalisation de ces détails techniques.
Références
- GROSBOIS L-P, Handicap et Construction (6ème édition), Le Moniteur, Paris, 2003, p. 197-205
- CSTC-CAWab-SWL-CIFFUL, Guide d’aide à la conception d’un logement adaptable, SPW-DGO4, 2008
- Les dossiers du CSTC – n°4/2006 – cahier 4 « Accessibilité des menuiseries extérieures » (partie 1)
- CSTC, Note d’information technique sur les garde-corps de bâtiments
- CSTB, « Principes constructifs pour l’accessibilité des balcons, des loggias et des terrasses »
- CWATUP, art. 415/2
- CWATUP, art. 414